Mairie de Yutz

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Le passage de la flamme olympique à Yutz

Le sport a toujours fait partie intégrante de la vie de la commune. Si elle possède aujourd’hui le label « Terre de Jeux 2024 », et a été choisie pour être Centre de Préparation aux Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, il y a 73 ans, en 1948, Yutz était déjà impliquée dans les Jeux olympiques de l’époque…

Initialement prévus en 1940 (d’abord à Tokyo, puis Helsinki), les Jeux olympiques d’été furent reportés en 1948, en raison de la Seconde Guerre mondiale. Ils se déroulèrent à Londres du 29 juillet au 14 août.

Décriés par l’opinion publique et une partie de la classe politique, car le pays était en pleine reconstruction et la population toujours rationnée, les Jeux olympiques rassemblèrent pourtant 59 nations. La France y remporta 10 médailles d’or, 6 médailles d’argent et 13 médailles de bronze.

Mais l’événement marquant pour la ville de Basse-Yutz fut le passage de la flamme olympique juste avant les jeux, le lundi 27 juillet. La flamme olympique voyagea d’Athènes à Londres, passant par l’Italie, la Suisse, la France, le Luxembourg et la Belgique. 416 relayeurs portèrent la flamme sur une distance de 3365 kilomètres.

Les relayeurs sont sélectionnés dans les clubs sportifs proches du tracé, et c’est Albert Giré champion de course à pied et de marche sportive, qui fut choisi pour porter la torche de Basse-Ham à Yutz, accompagné d’une délégation d’athlètes.

Albert Giré lors de son passage devant l’actuelle Salle Bestien

La torche olympique

Fabriquée en acier et en aluminium, la torche d’une longueur de 40cm porte l’inscription Olympia to London with thanks to the bearer XIVth Olympiad 1948 (d’Olympie à Londres, en remerciant le porteur – 14e Olympiades 1948) ainsi que le symbole olympique ciselés et ajourés.

Le flambeau fut remis symboliquement au maire de l’époque, Léon Royer, puis confié à un sportif thionvillois, et la torche poursuivit sa route vers le Luxembourg, puis la Belgique.

Comme le relate Albert Liebnau dans le Trait d’Union n°127 (octobre 2008) :

« La presse régionale de l’époque ne nous a pas laissé d’articles dithyrambiques de l’événement. Le journal du dimanche 26 juillet annonça brièvement l’arrivée du flambeau à Thionville, détailla son parcours et invita la population à forer une haie d’honneur le long de celui-ci. Dans l’édition du 28, 6 lignes évoquèrent laconiquement le passage de la flamme et seule la brève cérémonie à la frontière fut relatée dans un article plus important, illustré par une photo de presse. »

Bien que le passage de la flamme olympique ne fit pas grand bruit, il reste toutefois source de fierté pour les Yussois, qui ont pu ainsi avoir le sentiment de participer aux premiers Jeux olympiques d’après-guerre…

Le saviez-vous ?

Les Jeux olympiques d’été de Londres furent les premiers à être retransmis à la télévision.

Bibliographie :

  • « 1948 : la flamme olympique était de passage à Yutz », Trait d’Union °127, octobre 2008
  • www.olympic.org

La Première Guerre mondiale

Annexée après la guerre de 1870, la population de Basse-Yutz et Haute-Yutz était sous occupation allemande lorsque la Première Guerre mondiale eut lieu.

Tous les hommes jusqu’à quarante ans et parfois au-delà furent appelés sous les drapeaux. De nombreuses troupes traversèrent les deux Yutz pour se rendre au front, et les Yussois (Français de souche, comme Allemands) n’eurent d’autre choix que de combattre sous l’uniforme allemand. Une centaine d’entre eux perdit la vie sur les champs de bataille.

Pendant la bataille de Verdun en 1916, la Salle Bestien fut transformée en hôpital de campagne.

Toujours en 1916, des avions français et anglais bombardèrent les installations ferroviaires (la gare et le dépôt de Thionville) à plusieurs reprises, tuant des agents de la compagnie du chemin de fer. Parmi les victimes figuraient des Yussois. Avec l’amplification des bombardements, des abris antiaériens furent construits dès 1918.

À cause des restrictions alimentaires, et en raison d’un certain manque d’organisation dans la distribution, un institut d’alimentation communale fut créé à Basse-Yutz en novembre 1916. Cette cuisine communale qui servait jusqu’à 500 repas par jour fut cependant démantelée en 1918 en raison d’une mauvaise gestion.

Un hôpital pour prisonniers de guerre fut installé dans la caserne fin août 1917. Si au départ, seuls les prisonniers russes furent accueillis, des blessés italiens et roumains arrivèrent en janvier 1918, suivis par des blessés français, anglais et des civils belges en août 1918.

Début novembre 1918, des émeutes éclatèrent dans toutes les villes de garnison. Le 11 novembre 1918, l’armistice fut signé, et il marqua la fin de la Première guerre mondiale.

Au troisième jour de l’Armistice, les casernes de Basse-Yutz furent abandonnées. Les prisonniers qui y étaient internés furent livrés à eux-mêmes, mais c’était sans compter la générosité de la population. Les sœurs-infirmières organisèrent sans tarder un service de ravitaillement qui connut un grand succès dans les villages alentour et à Thionville, à tel point que même après le départ des derniers prisonniers, il resta encore de quoi faire une distribution aux nécessiteux de la ville.

Les ressortissants allemands furent expulsés pour la grande majorité. Certains, installés depuis des décennies, furent cependant autorisés à rester à Yutz.

« À Yutz, dès le 18 novembre un détachement précurseur de l’armée occupa et sécurisa les casernes et les hangars du terrain d’aviation et remplaçait la milice civile yussoise. (…) À Basse-Yutz, un conseil municipal « de constitution » eut lieu le 25 novembre 1918. Le Commissaire de la République adjoint, M. Levy, reconduisit 7 conseillers sortants connus pour leur conduite irréprochable pendant l’annexion et en désigna 14 nouveaux, tous de bonne souche yussoise. M. Louis Houncheringer, banquier, devint le premier maire de l’après-guerre. La rédaction des comptes-rendus des premières séances de la commission municipale fut confiée à M. Guir, pharmacien qui était un des rares membres à bien maîtriser la langue française. » (Source : Trait d’Union #129, décembre 2008)

La Fusion

Dans le cadre de la politique de regroupement des communes lancé par le gouvernement à la fin des années 1960, Haute-Yutz envisage un rapprochement avec Thionville, mais en 1969, Georges Ditsch, maire de Thionville, et Raymond Husson, maire de Haute-Yutz, sont en désaccord et l’éventuel rattachement entre les deux communes devient de l’histoire ancienne.

Tandis que Haute-Yutz s’éloigne de Thionville, un Syndicat Intercommunal de la « Rive Droite » à Vocations Multiples (SIVOM) est créé, regroupant Basse-Yutz, Haute-Yutz, Kuntzig et Basse-Ham, et constituant un premier rapprochement entre Basse-Yutz et Haute-Yutz. Les deux communes ont également l’occasion de travailler ensemble, notamment pour les travaux de la rue du Président Roosevelt qui marque la limite entre les deux communes.

L’année 1970 est particulièrement importante pour les villes de Basse-Yutz et Haute-Yutz. En effet, leurs maires respectifs évoquent un rapprochement entre les deux communes. La population l’apprendra par voie de presse le 31 juillet 1970, grâce à un article du Républicain Lorrain.

En octobre 1970, les deux conseils municipaux se réunissent pour un vote indicatif concernant la poursuite du processus. Il fut approuvé à l’unanimité.

Le 5 novembre 1970, le Conseil municipal de Basse-Yutz et de Haute-Yutz se réunit avec un seul point à l’ordre du jour : la fusion des deux communes. Le projet est adopté à l’unanimité…

Le 1er décembre 1970 marque la date du dernier Conseil municipal de Haute-Yutz. Le premier point à l’ordre du jour concerne évidemment la fusion entre les deux communes!

Le 24 décembre 1970, le Préfet de la Région de Lorraine rend un arrêté annonçant la fusion des communes de Basse-Yutz et Haute-Yutz à compter du 1er janvier 1971.

Article 1er. Est prononcée la fusion des communes de Basse-Yutz (arrondissement de Thionville – Canton de Basse-Yutz) et de Haute-Yutz (même arrondissement et même canton) à compter du 1er janvier 1971.

Les articles suivants concernent le nouveau Conseil municipal, le tableau de la population de la nouvelle commune (population totale: 16615 habitants), les biens de la commune et le budget.

Le 1er janvier 1971, Basse-Yutz et Haute-Yutz fusionnent pour devenir «Yutz». Mais les noms des anciennes communes ne disparaissent pas pour autant, devenant les noms des quartiers sur lesquels s’établissaient le territoire des deux villes.

La Salle Bestien

Construite en 1911 par Joseph Seiler, à l’arrière de son restaurant de la rue Nationale, la salle Bestien fut d’abord connue sous le nom de « Konzerthalle Seiler », et elle devint le haut lieu de la vie culturelle yussoise. Chaque 27 janvier, on y fêtait l’anniversaire de Guillaume II, empereur d’Allemagne et roi de Prusse.

La première guerre mondiale mit un terme aux activités festives. La salle fut réquisitionnée par le service sanitaire de l’armée allemande et aménagée en hôpital militaire soignant les soldats atteints de maladies contagieuses.

Après le retour de l’Alsace-Moselle à la France en 1918, Joseph Seiler, citoyen allemand, fut expulsé.

En 1922, Jean Bestien racheta les deux bâtiments (le restaurant et la salle de concert) à l’Etat français. Il les exploita jusqu’en 1936, date à laquelle la gérance fut confiée à un monsieur Clement. En 1940, après l’annexion de l’Alsace-Moselle, la propriété de Jean Bestien fut spoliée par l’Etat allemand et attribuée à un ressortissant allement, Frédéric Wasser, que les Yussois appelèrent le « Wasserfritz ». La salle des fêtes fut baptisée « Das Deutsche Haus », lieu de réunion et de diffusion de la propagande nazie.

Après la libération en 1944, Monsieur Clément reprit la gérance du « Café Français ». Bien que la salle des fêtes ait subi des dégâts pendant les combats pour la libération de Yutz, l’armée américaine y organisa des concerts de jazz pour soutenir le moral de ses G.I.

En 1947, le directeur de la Brasserie, locataire principal de la salle des fêtes, dit en sorte que les travaux de réparation aient lieu le plus rapidement possible. Il fallait réparer d’urgence la toiture et le plafond fissuré, les portes des sorties de secours et les marches de l’entrée.

En 1957, Jean Bestien et son fils Marcel, reprirent à leur compte l’exploitation du Café Français et de la salle des fêtes.

Bals, concerts, théâtre, expositions, réunions associatives ou politiques, distribution de prix du Certificat d’Etudes, Fête des Mères, de Noël et de Saint-Nicolas se déroulèrent à la salle des fêtes.

En 1959, plus de la moitié des manifestations eurent lieu à la salle des fêtes.

Au début des années 80, au cours d’une réunion électorale, un appel téléphonique annonça qu’une bombe avait été cachée dans la salle. Le public fut évacué d’urgence, mais l’explosion ne se produit jamais. Il s’agissait d’un canular de mauvais goût…

En 1993, l’heure de la retraite approchant, Marcel Bestien vendit la salle à la Ville de Yutz.

Elisabeth Grümmer

Elisabeth Schilz naît le 31 mars 1911 au 19 rue des Romains. Son père, un contremaître pour les chemins de fer de l’Empire allemand, est également grand amateur de chant. Après la fin de la Première Guerre mondiale, la famille d’Elisabeth est expulsée de France. 

Elle s’établit à Meiningen, où le père d’Elisabeth s’investit dans la chorale du théâtre local, suscitant l’enthousiasme de sa fille pour le théâtre. Elle prend des cours et fait ses débuts sur scène en interprétant Klärchen dans « Egmont » de Goethe.

À la fin des années 1920, Elisabeth Schilz est élève de l’académie d’art dramatique de Meiningen, et elle y débutera sa carrière dans des rôles classiques. Sa carrière ralentit au début des années 1930, lorsqu’elle épouse Detlev Grümmer, violoniste et « maître de concert » du Landestheater de Meiningen. Elle se consacre alors à son mari et à sa fille.

Le couple part s’installer à Aix-la-Chapelle, où Elisabeth commence à prendre des leçons de chant, notamment sous la conduite de Franziska Martienssen-Lohmann. Herbert von Karajan, alors directeur musical général à Aix-la-Chapelle montre de l’intérêt pour les talents vocaux d’Elisabeth et son assiduité dans l’apprentissage vocal. Il la choisit en 1940 pour interpréter un rôle de second plan dans une représentation du « Parsifal » de Richard Wagner.

Elle obtient son premier rôle « d’avant-scène » en 1941 et, en 1942, elle est engagée comme première soprano à l’opéra de Duisbourg. Quand le théâtre est détruit par un bombardement, elle part pour Prague jusqu’en 1944.

En 1944, son mari est tué dans la cave de leur maison lors d’un bombardement. Elisabeth choisit de ne jamais se remarier, et se consacre entièrement à sa carrière et à sa fille.

Après la guerre, elle décide de prendre un nouveau départ à Berlin. En 1946, elle obtient ainsi un engagement au Städtische Oper Berlin, qui deviendra plus tard le Deutsche Oper. Elle s’y produit pendant vingt-six ans jusqu’en 1972, ce qui ne l’empêche pas d’apparaître périodiquement sur d’autres scènes de renommée mondiale, telles que Covent Garden, la Scala de Milan, ou le Metropolitan Opera de New York. Professeur à la Musikhochschule de Berlin, elle a aussi dirigé des masterclasses, notamment à Paris et Lucerne.

Le 1er janvier 1972 marque sa dernière apparition sur scène, en tant que Marschallin dans « Le chevalier à la rose » de Richard Strauss.

De 1977 jusqu’à sa mort, elle est présidente de la Société des amis de l’Université d’État pour la musique et les arts du spectacle de Berlin (aujourd’hui la Paul-Hindemith-Gesellschaft). Elisabeth Grümmer devient membre honoraire du Deutsche Oper de Berlin en 1986.

Elle s’éteint la même année, le 6 novembre 1986, à Warendorf, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie.

La brasserie Saint-Nicolas

La « Brauerei Diedenhofen-Nieder-Jeutz A.G. » (Brasserie de Thionville-Basse-Yutz) est édifiée en 1898, à l’époque de l’invention du froid artificiel, sous l’appellation de « Sankt-Nikolaus-Brauerei » (Brasserie de Saint-Nicolas). L’architecte G. Weis de Thionville conçoit le bâtiment en lui donnant l’allure imposante des industries de l’époque et y adjoint quelques détails médiévaux typiquement germaniques.

De 1899 à la veille de la Première Guerre mondiale, la production de bière yussoise passe de 6 000 hl/an à 40 000 hl/an.

Après la Seconde Guerre mondiale, la brasserie se modernise : le temps d’élaboration du breuvage passe d’un mois et demi à douze jours en 1963, la brasserie fournit 180 000 hl et sa canetterie 10 000 bouteilles à l’heure. Cette production atteint les 250 000 hl et 20 000 canettes dans les années quatre-vingt. Les 1000 mètres cubes d’eau journaliers, nécessaires à la brasserie
proviennent de trois puits situés sur le site et de trois autres à proximité de la rue des Romains.

Dans les années 1950, la bière est élaborée avec du houblon provenant du Berry, d’Alsace et du Gâtinais, et dans les années 1980, d’Alsace, des Flandres et de Bourgogne.

En 1968, la brasserie est équipée d’un centre d’embouteillage. L’entreprise sert de base pour conquérir les marchés parisiens et de l’Est.

La Brasserie de Yutz rejoint l’Union des Brasseries Parisiennes en 1970, qui fusionne avec la Française des Brasseries et Heineken. Jugée trop peu rentable, la Brasserie Saint-Nicolas ferme ses portes à la fin de l’année 1986.

En 1987, son unité de production est démantelée et reconstruite pièce par pièce en Chine, dans la province du Hunan GhangSha. La statue de Saint-Nicolas qui aurait dû être du voyage est restituée à la commune et placée devant l’église Saint-Nicolas.