Mairie de Yutz

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La Salle Bestien

Construite en 1911 par Joseph Seiler, à l’arrière de son restaurant de la rue Nationale, la salle Bestien fut d’abord connue sous le nom de « Konzerthalle Seiler », et elle devint le haut lieu de la vie culturelle yussoise. Chaque 27 janvier, on y fêtait l’anniversaire de Guillaume II, empereur d’Allemagne et roi de Prusse.

La première guerre mondiale mit un terme aux activités festives. La salle fut réquisitionnée par le service sanitaire de l’armée allemande et aménagée en hôpital militaire soignant les soldats atteints de maladies contagieuses.

Après le retour de l’Alsace-Moselle à la France en 1918, Joseph Seiler, citoyen allemand, fut expulsé.

En 1922, Jean Bestien racheta les deux bâtiments (le restaurant et la salle de concert) à l’Etat français. Il les exploita jusqu’en 1936, date à laquelle la gérance fut confiée à un monsieur Clement. En 1940, après l’annexion de l’Alsace-Moselle, la propriété de Jean Bestien fut spoliée par l’Etat allemand et attribuée à un ressortissant allement, Frédéric Wasser, que les Yussois appelèrent le « Wasserfritz ». La salle des fêtes fut baptisée « Das Deutsche Haus », lieu de réunion et de diffusion de la propagande nazie.

Après la libération en 1944, Monsieur Clément reprit la gérance du « Café Français ». Bien que la salle des fêtes ait subi des dégâts pendant les combats pour la libération de Yutz, l’armée américaine y organisa des concerts de jazz pour soutenir le moral de ses G.I.

En 1947, le directeur de la Brasserie, locataire principal de la salle des fêtes, dit en sorte que les travaux de réparation aient lieu le plus rapidement possible. Il fallait réparer d’urgence la toiture et le plafond fissuré, les portes des sorties de secours et les marches de l’entrée.

En 1957, Jean Bestien et son fils Marcel, reprirent à leur compte l’exploitation du Café Français et de la salle des fêtes.

Bals, concerts, théâtre, expositions, réunions associatives ou politiques, distribution de prix du Certificat d’Etudes, Fête des Mères, de Noël et de Saint-Nicolas se déroulèrent à la salle des fêtes.

En 1959, plus de la moitié des manifestations eurent lieu à la salle des fêtes.

Au début des années 80, au cours d’une réunion électorale, un appel téléphonique annonça qu’une bombe avait été cachée dans la salle. Le public fut évacué d’urgence, mais l’explosion ne se produit jamais. Il s’agissait d’un canular de mauvais goût…

En 1993, l’heure de la retraite approchant, Marcel Bestien vendit la salle à la Ville de Yutz.

Elisabeth Grümmer

Elisabeth Schilz naît le 31 mars 1911 au 19 rue des Romains. Son père, un contremaître pour les chemins de fer de l’Empire allemand, est également grand amateur de chant. Après la fin de la Première Guerre mondiale, la famille d’Elisabeth est expulsée de France. 

Elle s’établit à Meiningen, où le père d’Elisabeth s’investit dans la chorale du théâtre local, suscitant l’enthousiasme de sa fille pour le théâtre. Elle prend des cours et fait ses débuts sur scène en interprétant Klärchen dans « Egmont » de Goethe.

À la fin des années 1920, Elisabeth Schilz est élève de l’académie d’art dramatique de Meiningen, et elle y débutera sa carrière dans des rôles classiques. Sa carrière ralentit au début des années 1930, lorsqu’elle épouse Detlev Grümmer, violoniste et « maître de concert » du Landestheater de Meiningen. Elle se consacre alors à son mari et à sa fille.

Le couple part s’installer à Aix-la-Chapelle, où Elisabeth commence à prendre des leçons de chant, notamment sous la conduite de Franziska Martienssen-Lohmann. Herbert von Karajan, alors directeur musical général à Aix-la-Chapelle montre de l’intérêt pour les talents vocaux d’Elisabeth et son assiduité dans l’apprentissage vocal. Il la choisit en 1940 pour interpréter un rôle de second plan dans une représentation du « Parsifal » de Richard Wagner.

Elle obtient son premier rôle « d’avant-scène » en 1941 et, en 1942, elle est engagée comme première soprano à l’opéra de Duisbourg. Quand le théâtre est détruit par un bombardement, elle part pour Prague jusqu’en 1944.

En 1944, son mari est tué dans la cave de leur maison lors d’un bombardement. Elisabeth choisit de ne jamais se remarier, et se consacre entièrement à sa carrière et à sa fille.

Après la guerre, elle décide de prendre un nouveau départ à Berlin. En 1946, elle obtient ainsi un engagement au Städtische Oper Berlin, qui deviendra plus tard le Deutsche Oper. Elle s’y produit pendant vingt-six ans jusqu’en 1972, ce qui ne l’empêche pas d’apparaître périodiquement sur d’autres scènes de renommée mondiale, telles que Covent Garden, la Scala de Milan, ou le Metropolitan Opera de New York. Professeur à la Musikhochschule de Berlin, elle a aussi dirigé des masterclasses, notamment à Paris et Lucerne.

Le 1er janvier 1972 marque sa dernière apparition sur scène, en tant que Marschallin dans « Le chevalier à la rose » de Richard Strauss.

De 1977 jusqu’à sa mort, elle est présidente de la Société des amis de l’Université d’État pour la musique et les arts du spectacle de Berlin (aujourd’hui la Paul-Hindemith-Gesellschaft). Elisabeth Grümmer devient membre honoraire du Deutsche Oper de Berlin en 1986.

Elle s’éteint la même année, le 6 novembre 1986, à Warendorf, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie.